Ephantus Kihonge
Th. Géographie, Clermont-Ferrand 2, 2014, 182 pages, libre accès en ligne
http://www.theses.fr/2014CLF20003/document;
Faustin EKOLLO
Note de lecture, mars 2015
Voici une très belle thèse de géographie économique. Les nouvelles libertés dans l’Université française permettent à des chercheurs étrangers de publier leurs travaux en France, dans leur langue maternelle. C’est surtout une thèse qui possède une qualité rare : le lecteur même moyennement averti en apprend beaucoup. La recherche sur le terrain complète harmonieusement les connaissances et la documentation livresques. Le résultat est un travail à la fois original et classique :
Cette thèse mérite d’être acclamée dans une rubrique d’actualité juridique parce qu’elle aborde de long en large la nature des rapports entre les acteurs du secteur informel et les autorités publiques ; l’auteur qui déclare avoir travaillé pendant quatre ans présente aussi, en associant culture générale et culture financière, certains dessous du shadow-banking kenyan : M-Pesa, Mbao, Chama accounts. Il est peut-être plus facile pour un géographe de garder le contact avec la réalité. Mais l’auteur fait preuve d’une véritable hargne pour comprendre la persistance d’une certaine pauvreté rurale au Kenya. Les suggestions qu’il fait sur la nécessité de multiplier les canaux de communication avec les zones rurales ont cette qualité souvent inconnue de nombreux chercheurs qu’elles sont plausibles à la réalité.
La qualité de ses suggestions est accentuée par le fait que l’auteur reconnaît les qualités des législations kényanes récentes qu’il loue pour avoir pour objectif de permettre une véritable participation du secteur informel à la législation qui le concerne. Du coup, sa critique et ses suggestions sont plus audibles ! Il faut enfin dire un mot d’un thème largement méconnu chez les juristes de la zone CFA. L’auteur insiste à plusieurs reprises sur la nécessité d’accepter comme priorité les propres préoccupations des populations rurales, spécialement leur volonté d’améliorer leurs possibilités d’agrément, leur droit au bonheur en quelque sorte. Mais derrière cette manière de voir les choses, on doit reconnaître qu’il a sans doute une culture individualiste, au sens de Max Weber. Or les mentalités dirigistes des élites des pays Ohada sont difficiles à concilier avec l’état d’esprit bottom-up.
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Publié in France Ohada droit, notes de lecture, Mars 2015