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Ce rapport de 26 pages est un intéressant travail de sociologie de la finance et des investissements en Afrique subsaharienne ; il cite soigneusement des sources classiques de la littérature financière anglo-saxonne (en y comptant les travaux de de Soto en anglais) ; comme souvent, dans les travaux de la Banque Mondiale sur ce thème, La Portaet autres sont mis en vedette ; on trouve une référence en français : J. Boukhatem & M. Bochra, 2012, Effets directs du développement financier sur la pauvreté, validation empirique sur un panel de pays à bas et moyens, Mondes en Développement, n° 160, pp 133-148. L’affirmation de l’applicabilité des paramètres de Hansen aux éléments statistiques de l’Afrique noire pourrait être source de débats…
Mais, s’agissant de l’influence du droit, malgré un titre prometteur, le rapport se contente d’examiner de manière convenue et expéditive les relations entre une propriété correctement identifiée et les possibilités de crédit en réitérant le schéma de nombreux travaux appréciées par les économistes, en dernier lieu, R.J. Singh, & H. Huang, 2015, Financial Deepening, Property Rights and Poverty : Evidence from Sub-Saharan Africa, Journal of Banking and Financial Economics, 1, pp 130-151. A cet égard, les possibilités de crédit liées à la titrisation des terres villageoises et/ou communautaires ou à des situations informelles adossées à des coopératives bénéficiant de droit d’occupation sur le domaine public auraient mérité des développements beaucoup plus précis. Plusieurs établissements financiers nord-américains ont lancé des offres de financement d’équipements en Afrique, par crédit-bail, en recherchant des relais locaux, faisant une publicité importantes dans le cadre des rencontres gravitant autour de la réception des chefs d’Etat africains par le président Obama aux Etats-Unis et du discours de celui-ci devant l’Union africaine. De même, dans l’abord de la question du financement des investissements importants, la résurgence d’une finance islamique rénovée offre des possibilités vertigineuses de combinaison avec la finance traditionnelle, spécialement pour les joint venture et risk sharing. Les exemples empruntés aux communautés du sous-continent indien, dans le rapport, sont assez peu transposables, en général ; il est dommage de ne voir aucun effort de rapprochement avec l’abondant thème latino américain des investissements liés à la propriété agraire communautaire face à la concentration des latifundios : littérature sur l’ejido au Mexique ou sur les sem terra au Brésil.
Quant aux sources juridique, il est fâcheux qu’une enquête prétendument menée à travers 37 pays d’Afrique noire n’ait pas pu tirer quelques exemples de techniques juridiques et de dispositions institutionnelles permettant de garantir emprunts et investissement pour des communautés claniques, y compris en se fondant sur les dispositions de la Déclaration des Nations Unies sur les droits des peuples autochtones, spécialement en ses articles 25 à 30 ou sur l’article 21 de la Charte africaine des droits de l’homme et des peuples. L’absence d’études statistiques ou financières d’auteurs ou d’enquêteurs africains (à une exception près : B. Fowowe & B Abidoye, A Quantitative Assessment of the Effect of Financial Development on Poverty in African Countries, 2012, Dpt of Economics University of Ibadan) est incompréhensible. Ce point est d’autant plus décevant que la faiblesse des taux qui limitent pour longtemps les retours sur investissement en Occident a déclenché un phénomène de recherche de relais de croissance sous forme d’augmentation des investissements et prêts vers l’Afrique.