Chen Weiguo
Global Law Review (Chine) 2015, n° 2, p. 5 (en mandarin commun, putonghuà), lien.
Commentaire de Faustin Ekollo, docteur en droit
Note de lecture publiée en décembre 2016
Oui, grâce à la traduction informatique en ligne, on peut consulter des dizaines de revues juridiques, économiques ou financières chinoises, en faisant évidemment attention aux faux amis.
La culture générale qu’exprime cet article impressionne. Ce n’est pas tant que l’auteur cite Thomas d’Aquin en latin… Ce n’est pas non plus son rappel que, s’agissant d’Adam Smith, l’ouvrage majeur La Richesse des nations, devrait être lu en rapport avec l’ouvrage précédent : Théories des sentiments moraux ; ensemble, les deux forment une théorie juridique et économique de l’individualisme équilibrée, réaliste et généreuse qui a contribué au leadership de la Grande-Bretagne. Ce n’est pas non plus le rapprochement d’Adam Smith avec J. Locke ou D. Hume qui force l’admiration ; des générations d’auteurs l’avaient déjà fait, en économie, sociologie ou philosophie. Bien sûr on découvre que les trois grandes valeurs de vie, liberté, propriété, sont doublement communes à Adam Smith, à Han Fei Zi (vous ne le connaissez pas ? Je découvre que c’est l’un des plus importants penseurs chinois, deux siècles avec J.-C.) et à Confucius ; en effet, ces doctrinaires les partagent en les insérant dans une nécessité sociale qui passe par le droit, si possible sans lois pour Confucius, et à travers les lois et règlements pour A. Smith et pour Han Fei Zi.
Et l’auteur essaye de nous convaincre qu’en organisant les limites, spécialement en réglementant les conflits d’intérêts, la collectivité permet l’enrichissement de tous et de chacun, sans appauvrissement de quiconque, selon l’aspect le plus consensuel de l’optimum de Pareto. En réalité, on est surtout ébloui parce que l’auteur fait alors une relation implicite de tout cela avec la réorganisation actuelle de l’Empire du Milieux : lutte contre la corruption et les conflits d’intérêts. On n’avait rien vu venir : la répression actuelle en Chine peut se réclamer d’Adam Smith, si on ne veut pas remonter à Han Fei Zi, voire à Confucius !
Tag – Adam Smith en chinois ; Adam Smith et Han Fei Zi. Adam Smith et Confucius
Résumé – Dans une certaine mesure, les postulats moraux prônés par Adam Smith, Han Fei Zi et Confucius peuvent justifier la raideur actuelle du régime chinois dans sa lutte contrre les conflits d’intérêts
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Publié in France Ohada droit, notes de lecture, déc. 2016