Univ. Cheikh Anta Diop, Dakar et CNAM, Paris, thèse en cours, citée par Marie Mercat-Bruns, L’égalité des genres comme mode de transformation des normes, Droit social 2020.17
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Note de lecture de Faustin Ekollo, docteur en droit
Faustin.ekollo@gmail.com
Août 2020
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Mentionner une thèse en cours dans une revue juridique de premier plan et dans une étude-choc, c’est d’abord avoir confiance dans la capacité du candidat à mener son travail, non seulement à son terme, mais surtout brillamment. C’est l’impression qui se dégage quand on lit l’article du professeur Marie Mercat-Bruns en sous-titre ; elle cite la thèse de Mme Sané en préparation (note 34), sans développements certes, mais parmi d’autres références dont le voisinage a valeur d’adoubement.
La cotutelle dakaro-parisienne sur cette thèse n’explique pas tout… On subodore que ce travail est déjà heureusement avancé ; du coup, le citer ressemble à une sorte de récompense anticipée, peut-être comme un correctif à la suppression des mentions de doctorat en France… A la vérité, bien que peu courante, c’est une pratique relativement ancienne de citer une thèse en cours dans une revue ou lors d’un symposium. Le grand René Savatier le faisait quelquefois. Le professeur Rubellin-Devichi ajoutait un petit éloge en symposium, en inclinant la tête comme pour magnifier davantage le travail cité, en droit international des personnes. Il est arrivé au professeur Issa-Sayegh de citer en symposium une thèse Ohada en préparation dont il n’était pas le directeur. Depuis des décennies, le professeur Jacques Mestre a démocratisé cette pratique à Aix-en-Provence, y faisant des émules parmi d’autres directeurs de thèses.
Plus modestement, retenons d’abord que, par son titre, le travail en cours de Mme Sané comporte la promesse de prendre à-bras-le-corps des priorités locales dans le domaine essentiel, mais trop souvent négligé en Afrique subsaharienne, des politiques de santé publique[1].
Certes, on a tendance à admettre, implicitement, que les meilleurs travaux africains sont souvent le fait d’éléments de la diaspora. Ils choisissent alors de privilégier un ancrage purement étranger ou international, à travers des thèmes dont la problématique est souvent, pour le moment, moins aiguë en Afrique, y compris en matière de droit de la santé[2]. Mais, les choses changent ; avec la qualité annoncée de travaux comme ceux de Mme Sané, cette hiérarchie implicite disparaît ; elle laisse place à une diversité complémentaire d’angles dont on retiendra que tout ce qui monte converge (P. Teilhard de Chardin).
Observons par ailleurs que, dans le même mouvement du choix d’une problématique locale, notre doctorante affiche clairement l’ambition de s’appuyer sur une réflexion et des connaissances internationales et comparées profondes. La nécessité de ce diptyque (voir triptyque) a bien été perçue par les cadres africains lors de la pandémie du Covid-19 ; son contexte international les a largement décomplexés, en partie grâce au spectacle parfois lamentable de médiocrité assuré par certaines autorités sanitaires et administratives de pays avancés. En Afrique, en revanche, on a vu dans un ensemble remarquable des initiatives locales, en matière sanitaire, dont plusieurs laisseront une trace positivement durable, entre autres, à travers des initiatives associant de manière inédite coopératives-artisanat-industrie-université.
Ce contexte de Covid 19 ajoute du relief à la proclamation par Mme Sané d’un thème à ancrage local ; son sujet, traité avec une ambition de qualité internationale, rend aussi compte de la complexification de la société africaine. Ce faisant, Mme Sané fait partie d’un courant africain de plus en plus important qui incite à l’optimisme. Ce courant, en matière de santé en général, mais aussi de droit, économie ou sociologie de la santé, exprime ainsi la capacité croissante de la jeune élite africaine à tenir compte de la sophistication des besoins de la société africaine, dans un esprit d’efficience[3].
Du coup, la démarche choisie par Mme Sané rapproche cette promesse de belle thèse de la formule Think global, Act local ; ce motto dont l’origine est attribué à un activiste du 19e-20e siècle, Patrick Geddes, fut mondialement vulgarisée par sa mise en avant pour saluer l’attribution du prix Nobel de la paix à la regrettée Wangari Maathai en 2004.
C’est dire que ce travail est désormais attendu et que nous espérons avoir l’occasion d’en offrir une recension aux lecteurs de ce site.
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